Vendredi dernier, pour la première fois, je me suis taillé la barbe. Comme je n’avais jamais fait cela, eh bien j’ai pris conseil : je suis allé voir sur Youtube et j’ai tapé « comment faire pour se tailler la barbe ? ». C’est fou le nombre de tutoriels qu’on peut trouver sur internet ! Dans tous les domaines possibles et imaginables, on peut trouver des gens pour nous guider. Et d’ailleurs, dans le monde professionnel aujourd’hui, les consultants, les coachs, les experts divers et variés sont de plus en plus présents pour nous donner des conseils techniques ou des conseils en développement personnel.

En quelque sorte, on pourrait dire que la question la plus posée de nos jours dans le monde, sous plein de formes différentes, est : « que devons-nous faire pour… ? » ; pour se tailler la barbe, pour lire plus vite, pour jouer de la guitare, pour paramétrer son téléphone, pour être plus performant dans son métier, pour planter des figuiers, etc.

On voit que Saint Jean-Baptiste, lui aussi, était sollicité par des foules particulièrement variées avec la même question : « que devons-nous faire ? ». En quelque sorte, Jean-Baptiste était un consultant reconnu de l’époque : les conseils qu’il donnait s’adressaient à des personnes qui voulaient donner une orientation différente à leur vie. Les consignes que donnait Jean-Baptiste étaient pleines de bon sens : aux soldats, il dit, en gros : « Ne vous servez pas de votre force de manière arbitraire ni pour impressionner, ni pour voler. » Aux collecteurs d’impôts, il dit de même : « N’exigez rien de plus que ce qui vous est fixé. » C’est à dire, soyez honnêtes !

Bref toutes ces consignes sont des repères fondamentaux pour celui ou celle qui veut réorienter sa vie vers ce qui est juste et sage.

Et pour que la personne se souvienne physiquement de l’engagement de changement de comportement qu’elle prenait publiquement, Jean proposait la démarche d’être plongé entièrement dans de l’eau. Le baptême que donnait Jean était évidemment une belle démarche, mais finalement réservée à ceux qui se sentaient assez forts pour vivre cette conversion en ne pouvant compter que sur eux. En quelque sorte, si nous étions aujourd’hui les disciples de Jean-Baptiste, nous en serions restés à une conduite juste, nous en serions restés aux « valeurs », la foi serait surtout une question de droiture morale. Et de ce point de vue, il y a sur terre de nombreux disciples de Jean-Baptiste qui s’ignorent, toutes ces personnes croisées dans notre vie qui ont une belle attitude de vie, une vie droite, un sens fort de ce qu’il est juste de faire, un esprit plein de générosité.

D’ailleurs, ce baptême et ces paroles de Jean-Baptiste aidaient vraiment les personnes dans leur recherche d’une plus grande rectitude de vie et répondaient au moins en partie à leur recherche : l’évangile nous dit en effet que, en voyant tout cela, « tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Christ ».

Or, Jean-Baptiste dit lui-même qu’il n’est pas le Christ : « il vient, celui qui est plus fort que moi ». Pour nous, 2000 ans après, c’est une devinette facile : nous savons que le Christ, c’est Jésus !

Mais alors, puisque ce que Jean-Baptiste apporte, c’est super, mais qu’il n’est pas le Christ, alors qu’est-ce que le vrai Christ apporte de plus ? Qu’est-ce qui fait qu’avec Lui, on va au-delà de ce qu’apporte Jean-Baptiste ?

Jean-Baptiste nous le dit dans une phrase : « Moi je vous baptise avec de l’eau ;[…] Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. ». Et nous allons voir ensemble en quoi ça change tout.

Ces dernières semaines, nous avons vu les manifestations des « gilets jaunes » avec l’extrême variété des attentes et des revendications qui dépassent les seuls aspects matériels, le seul prix du gasoil ; et nous avons entendu le Président de la République s’exprimer il y a quelques jours. Personnellement, j’ai eu l’impression qu’il nous disait : « Je ne comprends pas, j’avais tout calculé, mathématiquement, ça devait marcher ; pourquoi un tel mouvement de foule ? ». Notre gouvernement se heurte en quelque sorte à toute la complexité de l’être humain dans sa recherche désordonnée de bonheur. Il se heurte à ces milliers de manières de poser la question : « que devons-nous faire pour être heureux ? ».

Je ne vous apprends rien en vous disant que la vie est loin d’être facile. Nous sommes confrontés à des choses qui nous dépassent complètement : le mal, la souffrance, la mort sont là tout autour de nous. Et nous y contribuons. Le bonheur, la libération de toutes les entraves de mort ne se gagne pas de manière mécanique, extérieure à nous, en cochant des cases rituelles à la force du poignet. Et c’est cela ce qui change avec le Jésus : ce qu’apporte le Christ, c’est une sortie du piège du péché, non plus avec nos seules forces, mais avec sa force.

Jésus baptise dans l’Esprit-Saint et le feu. C’est-à-dire qu’il nous plonge dans le feu de l’Esprit-Saint. Et c’est là que se situe la différence chrétienne. Dans toutes les autres religions et même dans toutes les philosophies, on va nous dire ce qu’il faut faire pour mener une vie droite conforme à nos convictions. Le christianisme, lui, va nous donner la force de l’accomplir. Ça change tout ! Trop souvent nous sommes encore dans une religion qu’on pourrait qualifier de « religion de la transpiration » : celle qui nous demande toujours plus d’efforts si nous voulons devenir de bons croyants. Cette religion est aussi déprimante qu’un régime alimentaire : elle demande beaucoup d’efforts et donne si peu de résultats !

Notre foi, c’est une foi de l’incarnation ; c’est ce que nous fêterons dans deux semaines à Noël. Le feu de l’Amour a été placé au centre même de notre être, au sein même de notre nature humaine. Pour me libérer du péché, pour restaurer le lien abîmé avec notre Dieu, pour me sauver de ce qui me coupe de la source de l’amour, le Fils de Dieu lui-même fait la démarche de me rejoindre. Il place sa joie au plus intime de moi, il me fait le don, le cadeau de l’Esprit d’Amour, l’esprit de sagesse. Et quoi qu’il se passe dans ma vie, j’ai désormais en moi ce guide intérieur, cette source de joie, cet allié de confiance.

Autour de nous, on entend parler d’énergie renouvelable ; eh bien, nous les chrétiens, pour vivre tant de situations qui nous dépassent, celui qui nous donne une énergie sans cesse renouvelée, c’est l’Esprit-Saint !

A chaque sacrement, nous ravivons le feu de l’Esprit Saint qui nous aide à vivre en chrétiens accomplis. Voyez-vous, nous venons à la messe non pas parce que nous sommes chrétiens, mais pour devenir chrétiens ! De même qu’on ne sait pas bien stocker l’électricité, on ne peut pas stocker cette énergie renouvelable, c’est pour cela qu’on revient à la messe, c’est pour que le feu ne s’éteigne jamais ! Tout à l’heure, quand nous viendrons communier soit en recevant l’Eucharistie soit en recevant la bénédiction, demandons, avec foi, au Saint Esprit – qui est la source inépuisable d’énergie renouvelable – de brûler en nous et d’être le guide et la source de notre vie.

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