Beaucoup d’entre vous se rappelleront sans doute avec émotion la belle aventure qui a animé cette paroisse il y a quelques années et dont nous bénéficions d’un rappel permanent en levant un peu nos yeux : la réfection de ces très beaux vitraux qui nous entourent.

Je vous invite à regarder quelques instants ces vitraux. Même si le temps est un peu gris en ce jour d’hiver, goûtez à cette lumière doucement colorée qui pénètre jusqu’à nous. Lorsque le soleil est voilé, l’intérieur de notre église est un peu plus terne ; mais lorsqu’il fait beau, quelle splendeur de couleurs, bleues, jaunes et mauves : Notre Dame des Pauvres revêt ses habits de fête et réjouit les cœurs ! Ces vitraux ont presque quelque chose de vivant. Ils ne font rien d’extraordinaire si ce n’est de permettre à la lumière de passer et de révéler sa beauté.

Observez ces vitraux… et écoutez à nouveau les paroles qui nous ont été données par le prophète Isaïe : « Je fais de toi la lumière des nations, pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre »

Cette parole n’est pas destinée à n’importe qui : elle s’adresse à vous et à moi.

Quelle est ta vocation, peuple de Dieu ? Ta vocation c’est de manifester en toi et par toi la splendeur de Dieu. Ta vocation est de permettre à cette lumière de se révéler. Ta vocation est d’agir comme un beau vitrail.

Nous sommes invités ce dimanche à regarder notre vocation de chrétien, qui est un appel à annoncer, et à évangéliser. Toutes les paroles de ce dimanche sont tournées vers cela :

  • Isaïe nous demande d’être lumière des nations pour que le monde entier, même le plus inaccessible et le plus obscur puisse être sauvé,
  • Le psaume nous dit de ne pas retenir nos lèvres et de dire à la grande assemblée l’amour et la vérité du Seigneur,
  • Enfin, l’Evangile nous montre Saint Jean-Baptiste annoncer au monde qui est le Messie et dire : « Moi j’ai vu, et je rends témoignage, c’est lui le Fils de Dieu ».

Oui toutes ces paroles s’adressent à nous et rappellent exactement le mouvement que l’Esprit Saint initie en nous lorsque nous recevons le baptême : en demandant à être baptisé (ou si nous sommes bébé, nos parents, parrain et marraine), nous attestons que Jésus est notre Seigneur et notre véritable sauveur ; et nous acceptons qu’une dynamique se mette en place en nous, une dynamique puissante, profonde, un germe de vie irréversible ; nous prenons la décision de tourner résolument notre vie vers le Christ qui devient alors notre modèle d’humanité, d’humanité pleinement construite et pleinement accomplie parce qu’elle est en communion totale et profonde avec Dieu. Ce qu’elle était à l’origine et n’aurait jamais dû cesser d’être.

La dynamique, c’est qu’en demandant à être baptisé, nous posons un acte d’engagement : nous nous engageons à faire comme le vitrail avec la lumière : nous nous engageons à révéler la splendeur du visage de Dieu, celui que le Christ nous permet de contempler, nous nous engageons à relayer son amour autour de nous parce que nous avons foi en cette personne qu’est Jésus-Christ et que nous croyons en la puissance de l’amour divin, seul capable de combler notre soif d’aimer et d’être aimé, seul capable de révéler qui nous sommes.

Tout naturellement, nous nous engageons à nourrir, à approfondir, à faire grandir cet amour en nous. Cela implique de chercher à en connaître la source, en vérité, pour que cet amour ne soit ni falsifié ni dénaturé. Il faut donc côtoyer Jésus-Christ régulièrement : la messe, la prière personnelle, le service en sont des moments propices.

Vous le voyez, c’est une dynamique de fécondité qui s’amorce avec le baptême. Le baptême fait de nous de nouveaux Christ. C’est-à-dire que notre vocation est la même que celle de Jésus : être les témoins vivants du Dieu vivant.

Il ne s’agit pas de faire des choses difficiles : regardez ce que dit le psalmiste : « tu ne voulais ni offrande ni sacrifice, tu as ouvert mes oreilles. Tu ne demandes ni holocauste ni victime, alors j’ai dit « Voici, je viens » ».

Il n’y a rien d’autre à faire que d’ouvrir nos oreilles aux mots d’amour que le Seigneur nous susurre doucement, en se penchant vers nous comme Isaïe nous le révèle : « Tu as de la valeur à mes yeux ».

Il suffit juste de se rendre disponible comme un vitrail pour laisser passer la lumière, avec beaucoup d’humilité, tout en y apportant notre tonalité propre, notre couleur, afin que cette lumière agisse comme elle doit le faire, pour réchauffer, éclairer, réconforter…

Mes chers amis, le monde crève de ne pas avoir assez de Jean-Baptiste qui lui montrent la voie, celle du bonheur profond, celle de la vie en plénitude, celle de la paix véritable. Nous n’avons pas conscience de notre chance. Beaucoup ne l’ont pas, et même très proches : j’ai par exemple été extrêmement marqué par une rencontre à la fin d’une messe il y a quelques années avec deux filles âgées de 12 ou 13 ans. Elles habitaient le quartier et c’était la première fois de leur vie en 13 ans qu’elles franchissaient le seuil d’une église ; elles posaient des questions d’une innocence extrême sur ce qu’on faisait ici, sur la boîte dorée au fond de l’église, sur le carnet de chant, etc. Elles aussi ont droit à cette rencontre avec leur sauveur ! Et personne, personne en 13 ans ne leur avait parlé du Christ, pas même à titre de culture générale !

C’est notre vocation de chrétiens (catholiques, protestants et orthodoxes ensembles) de ne pas garder pour nous ce trésor qui nous a été révélé. Si nous ne le faisons pas, qui le fera ?

Prosélytisme ? Mais non ! Il ne s’agit pas de harceler les gens jusqu’à ce que conversion s’ensuive. Il ne s’agit pas forcément de crier « Jésus vous aime » au coin de la rue, même si nous devons nous interroger sur les fruits d’une telle manière de faire et sur ce qui pourrait nous retenir de le faire.

Il ne s’agit pas de porter un étendard ou une étiquette qui parlerait plus de nous que du Christ. Mais il s’agit d’être tellement uni au Christ, tellement renouvelé par la vie même du Christ que le Seigneur en deviendra naturellement explicite, que la lumière traversera, limpide, le beau vitrail de notre être.

Le mois de janvier est le mois des résolutions. Prenons-en une bonne :

Soyons de nouveaux Jean-Baptiste : annonçons que Jésus est l’Agneau de Dieu, le Messie, le Fils du Dieu vivant, qu’il s’est fait homme, qu’il est mort et est revenu à la vie et que la mort, quelle que soit sa forme, n’a plus aucune prise sur nous si nous nous accrochons à Lui.

Soyons de nouveaux Jean-Baptiste : entretenons notre rencontre avec Jésus, prions, écoutons sa Parole, aidons-nous des sacrements ; soyons des membres vivants de son corps ; soyons des serviteurs attentifs et offerts les uns à l’égard des autres, permettons à l’Esprit-Saint de toucher terre afin qu’il redonne vie à notre monde.

Soyons de nouveaux Jean-Baptiste : proclamons avec une foi profonde et avec nos propres mots : « Moi j’ai vu, et je rends témoignage, c’est lui le Fils de Dieu ».

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