Vous connaissez peut-être l’histoire de la rencontre de cet évêque du Puy avec un tout jeune garçon qui désirait devenir prêtre. L’évêque s’enquérait des connaissances religieuses de l’enfant et lui demande un résumé de la foi catholique. L’enfant, gravement, trace alors sur lui le signe de la croix, en en redisant lentement les paroles : « Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ». Puis, il se tait. « Est-ce tout ? » s’inquiète le prélat. « C’est tout », répond l’enfant.

C’est bien tout, en effet : la spécificité de la foi chrétienne, son originalité, son unicité est résumée dans ce signe de croix.

Ce signe résume qui est Dieu : Dieu unique et en même temps trinitaire. 1 Dieu, mais 3 personnes.

Ce signe explique le type de lien que Dieu veut entretenir avec chacun de nous : nous permettre de vivre de sa vie divine, une communion sans fusion ; une éternelle circulation d’amour, de parole, de dialogue du Père vers le Fils, du Fils vers le Père, dans l’embrasement de l’Esprit-Saint

Ce signe rappelle aussi le but de la mission de Jésus : révéler aux hommes le vrai visage de Dieu, dont il est l’icône vivante, et nous conduire à la Vérité tout entière, c’est-à-dire à Lui.

Oui, le projet de Dieu, c’est que nous le connaissions et qu’enfin il n’y ait plus de fracture entre nous et Lui.

Pour connaître quelqu’un, il y a bien des manières différentes de faire.

Il y a par exemple la méthode qu’emploient certains collégiens lorsqu’ils doivent présenter la biographie d’un auteur : j’allume mon ordinateur, je vais sur internet sur Wikipedia et je recopie directement ce qu’il y a sur l’encyclopédie. Connaît-on vraiment la personne ? Pas au sens de la Bible en tout cas car cette connaissance livresque ne connaît pas l’intimité de la personne. Cette connaissance est figée ; elle n’est pas touchée par le dynamisme de la vie.

L’autre manière de faire, c’est de passer du temps avec la personne, la côtoyer, l’écouter, accompagner sa vie.

Et c’est justement la méthode que Dieu choisit. Nous le voyons, dans les premiers mots de cet Evangile : « j’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter » : Jésus prend soin de nous et de nos propres forces humaines et propose une révélation progressive.

Quelle délicatesse dans cette pédagogie divine qui veille à ce que les apôtres (et nous-mêmes aujourd’hui), ne soient pas écrasés par la vérité tout entière si elle était donnée comme un bloc !

Jésus n’a pas tout dit à ses apôtres : leur a-t-il révélé le jour ou les conditions (la plupart du temps dramatiques) de leur mort ? Non. Les apôtres ont-ils TOUT compris du mystère central de la foi, la resurrection ? Non.

De même, ne nous inquiétons donc pas si nous ne comprenons pas tout, si le mystère de la Trinité, la folie de l’eucharistie, l’inouï de la résurrection ne nous sont pas dévoilés dans leur entièreté. Ne nous troublons pas si le sens de notre vie nous échappe encore un peu. Mais soyons confiants dans ce que dit Jésus : « vous n’avez pas la force de porter la vérité toute entière maintenant » ; comment nos êtres limités pourraient-ils absorber l’infini ?

C’est comme lorsque nous essayons de réduire une personne dans nos jugements, lorsque nous enfermons l’autre dans une case, une catégorie, une classe sociale. Ce mouvement réduit la complexité de l’autre, édulcore la richesse de sa vie et finalement, nous empêche de le connaître.

Nous ne pouvons pas prétendre circonscrire le mystère de Dieu. Mais nous pouvons le découvrir à notre mesure : Dieu a choisi de s’auto-révéler à nous, avec pédagogie, en tenant compte de notre rythme, de nos besoins et de notre liberté. Et l’acteur principal de cette révélation sur mesure, c’est l’Esprit Saint.

Pour vraiment connaître Dieu tel qu’il est, pour connaître la Vérité toute entière, la pédagogie de l’Esprit-Saint est celle qui convient. L’Esprit Saint est le guide par excellence, il surpasse les meilleurs enseignements, tous les catéchismes ou toutes nos actions. Il les anime…

La pédagogie de l’Esprit-Saint est un trajet, un trajet intérieur de découverte pour lequel il faut de la docilité, de la souplesse, de l’humilité, de la vigilance, de la prudence et de l’audace.

L’Esprit Saint donne à ceux qui l’accueillent enseignement, guide, inspirations, intuitions, et même rencontres ; il met dans nos vies tout, absolument TOUT ce qui est utile pour nous conduire à Jésus et au Père et à les connaître en vérité.

Il met absolument TOUT ce qu’il faut pour que nous comprenions avec certitude que nous ne serons jamais plus isolés, livrés à nos seules forces, notre seule sagesse, au milieu de nos difficultés, nos questionnements, nos quêtes de sens.

Encore faut-il nous laisser conduire par lui, au jour le jour !

Depuis notre baptême, l’Esprit Saint demeure en nous en permanence. Comme l’eau et le soleil font pousser la plante, l’Esprit Saint est disponible en nous pour faire naître et faire grandir une semence : la Présence de la vie du Christ mêlée à notre propre vie ;

Il ne pourra faire germer cette semence qu’avec notre adhésion, comme Marie a dit Oui à l’ange Gabriel, un peu tremblante car elle ne maîtrisait pas tous les tenants et aboutissants de son accord.

Invoquons donc l’Esprit-Saint, demandons lui conseil, demandons-lui de nous instruire, de nous guider, de mettre sur notre chemin les rencontres nécessaires, de poursuivre en nous la révélation de l’inouï de l’amour de Dieu. Appelons-le, réveillons-le, autorisons son souffle à modifier ce que nous avons à dire pour que, par notre vie, le monde entier, lui aussi, entre dans cette révélation dont il a tant soif.

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