«  Mon cœur exulte, mon âme est en fête, ma chair elle-même repose en confiance ». « Notre cœur n’était-il pas tout brûlant en nous tandis qu’il nous parlait sur la route et qu’il nous faisait comprendre les Ecritures ? »

Ces Paroles sont pour nous : nous sommes ici 100 pèlerins d’Emmaüs modernes, appelés à faire une expérience qui change complètement notre vie : celle de rencontrer Jésus et d’avoir le cœur brûlant de cette rencontre.

Cette rencontre aura une forme différente pour chacun, et prendra plus ou moins de temps (chacun a son histoire et son rythme et Dieu sait employer la manière qui convient le mieux à chacun). L’Evangile des pèlerins d’Emmaüs nous montre cependant de quelle manière Dieu agit pour mener à cette rencontre ; c’est une sorte de « best practice », dirait-on en entreprise.

Que ce passe-t-il dans cet Evangile des pèlerins d’Emmaüs : c’est une rencontre en 4 actes.

Acte I :

2 disciples de Jésus discutent des évènements qui se sont produits à Jérusalem. Ils sont à terre : ils ont suivi un homme extraordinaire, un leader, un « prophète puissant par ses actes et ses paroles », mais c’était un leurre. Ils sont déçus, attristés, voire trahis.

 Jésus les rejoint. Il les accompagne, les fait parler, les écoute avec beaucoup de délicatesse et d’attention.

C’est un accoucheur : il aide les deux hommes à s’ouvrir, à présenter la partie sensible, la partie douloureuse qui essaie de rester protégée derrière la carapace. C’est une histoire de chair à vif que nous avons dans l’Evangile ! Des sujets qui touchent l’être profond, et non pas des idées politiques.

C’est une marche au long cours. C’est de l’intime qu’il s’agit, et on ne peut y entrer que doucement, en s’apprivoisant, sinon, cela pourrait presque être du viol.

N’est-ce pas ce que nous vivons au début de la messe, lorsque nous entrons progressivement dans la liturgie. Dire : « Seigneur prends pitié, je crois en toi », n’est-ce pas préparer l’ouverture de notre cœur à la Rencontre ?

Acte II :

Les disciples s’ouvrent et c’est pour cela que Jésus peut leur expliquer ce qui s’est vraiment passé. Jésus explique les Ecritures, les laisse découvrir, ouvre les textes à une autre dimension, les rend vivants.

En écoutant les paroles de Jésus, ils ont le désir de poursuivre cette conversation : « Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse ».

La Parole a ouvert un chemin : le désir d’une rencontre plus profonde. Leur cœur est tout brûlant en entendant ces paroles. Ils en veulent plus.

N’est-ce pas pour vivre à nouveau cela que l’on écoute la Parole de Dieu pendant la messe ?

Acte III :

Jésus dîne avec eux. Il prend le pain, dit la bénédiction, le rompt et le leur donne. Alors leurs yeux s’ouvrent et ils le reconnaissent.

Comment ne pas penser à la liturgie de l’eucharistie que nous allons vivre dans quelques instants ?

Acte IV :

« A l’instant même, ils se lèvent et retournent à Jérusalem » Ils témoignent ; le cœur tout brûlant, ils partent annoncer ce qui s’est passé pour eux sur la route.

Cet acte IV, cet élan, c’est exactement l’envoi à la fin de la messe : la messe n’est pas une fin en soi ; c’est le lieu de la rencontre avec la source de l’amour : on y boit, et on repart dans la vie pour que tout ce qui nous entoure soit également transformé !

Les disciples d’Emmaüs, c’est nous, c’est vous, c’est moi. En venant à la messe, nous sommes disponibles pour revivre l’expérience de ces deux disciples. Nous sommes ici pour vivre une rencontre personnelle avec ce Dieu tout-puissant d’Amour et pour que notre vie en soit profondément transfigurée.

Notre foi n’est pas une question de connaissance, ni même de valeurs. Jésus ne vient pas vérifier auprès des disciples s’ils ont bien appris leur leçon. Si nous en restons au stade des valeurs morales, nous vivrons insatisfaits comme les disciples qui disent « nous qui espérions qu’il serait le libérateur d’Israël ».

Lorsque nous en restons là, c’est à nous que Jésus dit « vous n’avez donc rien compris ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce qu’ont dit les prophètes ! »

Notre Dieu veut bien plus pour nous. Il nous envoie Jésus pour nous révéler son visage, un visage accessible à notre intelligence, un visage qui manifeste sa toute proximité, un visage qui ne fait pas peur.

Il veut cette union intime entre nous, source de vie, éradicatrice du péché. Il veut une relation profonde, existentielle avec lui.

Mais l’avons-nous rencontré ?

Avons-nous, ne serait-ce qu’une fois dans notre vie, ressenti ce lien si profond, unique, personnel, avec ce Dieu ? Avons-nous vécu ce moment où notre « cœur est brûlant » rien qu’à l’écoute de la Parole de Dieu sur la route ?

Si nous ne l’avons jamais vécu, il est temps de le demander ! Oui cela se demande :

Jésus, le soir approche et déjà le jour baisse. Tu as quelque chose d’intime à me dire. Viens me toucher vraiment, reste avec moi, dis m’en plus, parle-moi encore, ouvre mon cœur, mon être profond à ta Parole vivifiante.

On le voit avec les disciples d’Emmaüs, la Parole et le geste se mêlent et permettent de reconnaître Jésus réellement présent dans la vraie vie. C’est une rencontre-sacrement. Nous oublions que nous avons à disposition ces appuis concrets permettant de vivre cette rencontre personnelle avec Jésus :

  • lorsque nous vivons vraiment la messe, Jésus nous rejoint et nous nourrit par Sa Parole, par son Corps, par l’amour fraternel qui nous unit à Lui ;
  • lorsque nous recevons le sacrement des malades, c’est Jésus qui marche avec nous dans notre souffrance, se penche vers nous avec douceur pour nous donner Sa force et sa vigueur ;
  • lorsque nous vivons le sacrement de réconciliation, c’est Jésus qui nous accueille, nous restaure, nous relève, manifeste l’amour unique qu’il nous porte personnellement et inconditionnellement.

Dans les sacrements, c’est Jésus qui rejoint les disciples d’Emmaüs que nous sommes ; ce sont des lieux qui peuvent mener à rencontrer personnellement notre Dieu d’amour.

Vivons-nous la messe comme une promesse de rencontre transformante ou au contraire comme un rituel, un cérémonial, un spectacle ?

Avons-nous conscience de la puissance transformante du sacrement de réconciliation ? Quelle est la dernière fois que nous l’avons vécu ?

Laissons-nous toucher.

Ayons ce désir d’avoir ce cœur brûlant au contact du Ressuscité, non pas une sensation aussi agréable qu’éphémère comme le serait une excitation dans un match de foot au stade de France ; le cœur brûlant, ce n’est pas le sentiment ou la sensation ; le cœur, c’est le noyau profond de notre être, la composante qui fait de nous des êtres uniques. Avoir le cœur brûlant, c’est vivre au plus profond cette rencontre avec Celui par qui la Vie est transformée en ce qu’elle doit être.

Oui tu m’appelles par mon nom. Fais-moi découvrir combien tu m’appelles de manière unique. Je veux te rencontrer. Fais-moi le cadeau de te reconnaître, Seigneur.

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