« On a enlevé le Seigneur de son tombeau et nous ne savons pas où on l’a déposé ! »

Tel est le cri de Marie-Madeleine lorsqu’elle rejoint les apôtres et leur annonce sa découverte inattendue. L’Evangile nous la présente se rendant au tombeau de Jésus, de grand matin, alors que le jour n’est même pas encore levé. Elle vient probablement pour pleurer devant le tombeau de son Seigneur et maître qui a tant bouleversé sa vie.

Elle se rend au tombeau après tous ces évènements qui se sont faits dans la précipitation : l’arrestation de Jésus, sa condamnation, son exécution, cette mise au tombeau faite dans l’urgence à cause du poids des rites juifs… Peut-être espérait-elle, ainsi que d’autres femmes mentionnées par les autres évangélistes, pouvoir se recueillir un peu.

Quelle surprise que de voir cette pierre tombale déplacée et ce tombeau grand ouvert. Que s’est-il passé ?

Fermons les yeux et regardons Marie-Madeleine courir vers le Cénacle, la vaste demeure de Jean, où les apôtres ont probablement passé la nuit. Imaginons l’étonnement de Pierre et de Jean, leur incrédulité, peut-être, face à ce témoignage de femmes forcément douteux à l’époque (chez les juifs de l’époque, le témoignage des femmes n’avait aucune valeur juridique). Imaginons-les courir, animés de multiples questions. Jean, plus jeune et qui connaît sans doute mieux la ville que Pierre qui n’y habite pas, arrive le premier. Il se penche mais il n’entre pas, non pas par préséance à l’égard de Pierre, chef des apôtres, mais parce que Jean est prêtre permanent du temple ; il doit célébrer un rite ce jour-là et ne doit pas entrer en contact avec un mort sous peine de se rendre impur et de ne pas pouvoir entrer dans le Temple. Ce n’est donc qu’une fois que Pierre lui fait comprendre qu’il n’y a pas de cadavre dans le tombeau que Jean y entre à son tour.

Jean voit les linges et il en déduit qu’il ne s’agit pas d’un enlèvement : les morts juifs sont en effet enveloppés d’un linge et ficelés aux pieds et au thorax (rappelons-nous l’évangile de la résurrection de Lazare, lorsque Jésus ordonne « déliez-le et laissez le aller »). S’il s’était s’agit d’un enlèvement, on aurait emmené le corps encore enveloppé des linges ?

A la simple vue de ces linges, Jean croit que Jésus est bel et bien vivant. Et tout prend place, tout ce que Jésus avait fait et dit, les Ecritures… Oui c’est évident : « Dieu a ressuscité Jésus » !

Les apôtres découvrent en ce matin un ciel qui s’ouvre, une nouvelle perspective, un horizon infini qu’ils avaient pressenti en côtoyant Jésus, mais qu’ils ne voient vraiment que maintenant.

Quelle est belle cette porte ouverte du tombeau !

Cette porte ouverte du tombeau allège le cœur de ces apôtres, elle leur donne un élan, un enthousiasme, ils sortent de leur deuil car il n’a plus de raison d’être. Ils comprennent que Jésus est là, quelque part, vivant, invisible mais bien présent ; le tombeau est vide de corps, mais pourtant ils ne sont pas seuls.

Par cette porte ouverte surgit un élan de vie, un courant de joie, un rayon de lumière. Elle bouleverse la vie, au delà des âges. Hier encore, nous en avons eu un signe visible : le baptême de Krystelle est l’actualisation de ce bouleversement d’il y a 2000 ans.

Marie-Madeleine était allée au tombeau avec tristesse, voyant une situation d’échec, de finitude…

Cette porte ouverte lui fait comprendre qu’avec Jésus, rien n’est jamais perdu, rien n’est jamais fini, rien n’est jamais trop tard ; que la mort n’est pas un point final, mais qu’au contraire c’est le point de départ d’une nouvelle vie dans laquelle Jésus nous accompagne encore. La mort a changé de nature : elle est devenue un passage vers le royaume de Dieu, un royaume que la résurrection de Jésus rend présent ici et maintenant.

Cette porte ouverte fait entrer une dimension d’éternité dans notre quotidien. Nous dépassons l’espace et le temps au cœur même de notre vie quotidienne.

Cette porte grande ouverte du tombeau, c’est notre vocation personnelle : nous sommes appelés à vivre une vie féconde, libérée de ses enfermements.

Savoir que le Christ est bel et bien vivant, c’est l’appui qu’il nous fallait. Il nous accompagne à chaque pas que nous faisons, dans chaque relation que nous nouons ; Il nous aide à ouvrir nos propres tombeaux à sa présence, dans la maladie, la souffrance, le deuil, dans les situations qui n’ont pas de sens lorsqu’elles restent dans leur seule dimension humaine ; tout cela peut prendre sens, être source de vie et trouver une fécondité lorsque le Christ y est présent.

Chaque moment du présent, même s’il semble désespéré, peut ainsi être renouvelé et trouver sa vraie dimension si je me mets dans la disposition du cœur de laisser le Seigneur y être présent. Comme lorsqu’on ouvre les volets d’une maison, l’ouverture du tombeau permet à la lumière, à la chaleur du soleil d’entrer. Pour aérer une maison fermée, on ne se tient pas devant elle en suppliant le soleil et l’air frais d’entrer. On pousse les volets, on ouvre la fenêtre et la lumière entre toute seule, l’intérieur s’aère, l’air se renouvelle.

Permettons donc à notre Dieu de nous rejoindre dans nos tombeaux, et laissons-le nous aider à en ouvrir la porte.

Nous serons alors, à chacun de ces moments de mort, de nouveaux Christ, vivant dès maintenant l’éternelle vie d’amour à laquelle nous sommes destinés.

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