Samedi dernier, j’étais à Orsay pour un we de formation sur Vatican II. Dans la pièce à côté se trouvait un groupe de protestants évangéliques qui se formait à l’annonce de l’Evangile et à l’implantation de nouvelles communautés. Le pasteur qui les accompagnait était professeur de missiologie. Nous l’avons convié à se présenter, et avons discuté afin de mieux nous connaître mutuellement.

Que font ces protestants évangéliques ?

  • ils annoncent celui en qui ils croient
  • ils baptisent
  • ils se soutiennent en petites communautés
  • ils se retrouvent plusieurs fois par semaine pour prier et étudier ensemble la Bible.

Ce sont des églises de professants.

De fait, on constate qu’ils s’implantent fortement au cœur de nos villes depuis quelques années. Manifestement, il répondent à une attente forte chez ceux qui les rejoignent…

Une annonce qui répond à une attente…

Je crois que les textes du jour nous aident à entrevoir :

  • d’une part quelle est cette attente
  • et d’autre part quelle est la réponse qui peut être donnée à cette attente

Dans la première lecture, Isaïe nous annonce la venue de quelqu’un qui transformera le monde, un descendant de Jessé (le père du Roi David).

Il faut vraiment goûter à ce qui nous est dit :

Sur ce descendant de David reposera l’esprit du Seigneur.
Il ne jugera pas selon les apparences,
il jugera les petits avec justice,
il prendra soin des plus pauvres,
le souffle de ses lèvres fera mourir le méchant.
Il sera juste, il sera fidèle

et il provoquera un véritable chamboulement : les animaux les plus sauvages, les plus grands prédateurs, vivront en harmonie et en paix avec les animaux les plus faibles, les plus vulnérables, sous son étendard.

Imaginez un peu la scène !

Isaïe nous annonce un monde nouveau, harmonieux, bon. Il nous présente un « vivre ensemble » que chacun de nous, au fond de son être, aspire à connaître… un jour, peut-être…

L’attente de l’humanité, c’est celle-là. Un tel univers, ça fait rêver…

Eh bien ce que Jean-Baptiste proclame dans l’Evangile qui suit, c’est que ce n’est pas un rêve. C’est une réalité en marche ! Ici et maintenant.

Ce monde nouveau, renouvelé, harmonieux, aux relations interpersonnelles paisibles, ce monde que nous attendons si profondément et auquel nous sommes destinés, ce monde où la mort ne nous rattrape plus, c’est celui que nous connaîtrons en vivant avec Jésus, cet homme dont Jean dit qu’il baptise « dans l’Esprit Saint et dans le feu ».

Ainsi, la réponse de Jean-Baptiste à l’attente de l’humanité, c’est celle qu’offre le baptême.

Ce monde heureux d’Isaïe, où l’amour règne, c’est le fruit de la présence agissante de l’Esprit Saint, esprit d’Amour.

Chaque fois qu’un petit d’homme reçoit le baptême, il ouvre une porte : il accepte de faire de sa vie une terre fécondable. Il accepte que sa vie entre dans l’intimité de ce Dieu tout-puissant d’Amour, qu’elle soit unie à ce Dieu qui est Vie.

Etre baptisé, c’est choisir de mourir à moi-même pour être éternellement avec ce Dieu-là, sans que rien ni personne ne puisse jamais m’en séparer ; c’est être marqué d’un sceau indélébile d’union au Père avec Jésus dans l’Esprit.

Par mon baptême, je permets à l’Esprit Saint de toucher terre, de s’incarner en passant par ce qui fait ma vie. J’ouvre la porte à l’action bienfaisante, dynamisante, vigoureuse, vivifiante, consolatrice, transformatrice de l’Esprit d’Amour.

Peut-on rester indifférents à une telle responsabilité : un Dieu éternel et tout-puissant s’en remet à notre décision de le laisser ou non entrer dans les plus petites choses de nos vies pour y implanter son amour qui transforme.

Certains constatent avec un triste humour « Nous avons été baptisés, communiés, confirmés et par une mystérieuse alchimie qui relève plus de la magie que de la science, nous avons été vaccinés contre Jésus-Christ… ».

A croire qu’être baptisé, cela ne changerait rien dans ma vie ?

Si nous percevions l’étendue de ce qui se passe au baptême, nous comprendrions vraiment mieux les paroles de Jean Baptiste qui nous invitent avec vigueur à la conversion. La venue du monde nouveau, auquel nous aspirons tous, dépend de nous et de nos choix de vie. Il s’agit donc de nous tourner et de marcher dans la bonne direction, en d’autres termes, de nous convertir !

Le baptême n’est pas magique ; ce n’est pas un talisman protecteur contre le malheur. Et il n’agit pas sans nous (ça c’est le quiétisme).

C’est une grâce et une tâche, celle de vivre en Christ, dans une vraie liberté, en renonçant aux puissances de mort et en nous engageant, avec nos limites, à déployer les dons que nous avons reçus.

On peut dire que le baptême ouvre un processus de vie. Il est dès aujourd’hui le commencement de la vie éternelle, l’entrée dans le Royaume de Dieu. Et nous ferons grandir cette vie en la nourrissant par le pain, le vin, le pardon, l’engagement, la vie fraternelle.

Ce qui est encore plus réjouissant, c’est que cette vie nouvelle n’est pas réservée à quelques-uns.

Pour reprendre un thème d’actualité, c’est le « baptême pour tous ! »

C’est ce que semble signifier la tunique en poil de chameau que porte Jean-Baptiste (les chameaux, animaux impurs dans la Bible représentent les nations païennes et leurs richesses, il suffit de penser aux mages à Noël pour le comprendre).

Jean montre qu’aussi impur et souillé soit-on, on peut entrer dans cette intimité transformante de Dieu.

Alors, « ça change quoi d’être baptisé ? »

Si aujourd’hui, demain, dans la rue, à votre travail, quelqu’un vous pose la question : « ça change quoi d’être baptisé ? » que répondrez-vous ?

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