Voilà ce qu’on peut appeler un Evangile assez peu réjouissant !

Il nous est annoncé que la venue du Fils de l’homme passera par des déluges qui nous engloutiront comme au temps de Noé ;

ou bien par des kidnapping sélectifs ; ou à l’opposé par un délaissement de certains d’entre nous…

A ce compte-là, nous aurions plutôt envie de dire au Seigneur : « Je t’aime, mais n’hésite pas à venir le plus tard possible ; on n’est pas pressé ! »

Quand bien même la première lecture et surtout le psaume nous annoncent la venue d’un monde plein d’Espérance, où la guerre aura disparu au profit du travail de la terre, où la paix et le bonheur règneront, il n’en demeure pas moins qu’être englouti dans le déluge n’est pas une perspective plaisante !

Et bien je crois que les textes du jour ne veulent paradoxalement pas parler de ce qui surviendra à l’avenir, de ce qui se passera, ni du « quand » ou du « comment ». Ce n’est pas là le point essentiel. En réalité, le Seigneur nous parle du présent.

La Parole de ce jour nous rappelle que l’important c’est « aujourd’hui ». C’est l’aujourd’hui de nos vies. Qu’est-ce que je peux faire de ma vie, ici et maintenant ?

Les textes de ce jour nous décrivent ce qui se passe aujourd’hui :

  • Dans la 1ère lecture, Isaïe nous annonce ce qui va se produire avec Jésus ; nous croyons que Jésus est vivant, Moïse décrit donc ce que nous connaissons aujourd’hui.
  • Le psaume nous parle de Jérusalem, lieu où tout ensemble ne fait qu’un ; or cette Jérusalem, c’est Jésus lui-même ; ne sommes-nous pas aujourd’hui uni à Jésus par son incarnation ?
  • Et St Paul dans la seconde lecture nous parle au présent : « tenez-vous prêts », « sortez de votre sommeil ». Maintenant.

Il s’agit ici de vivre au présent. Et plutôt que nous demander avec crainte ce qui se passera demain, goûtons le fait que ce qui est annoncé est notre réalité du moment.

Je vous propose d’essayer d’en faire l’expérience : la première lecture nous invite à nous à avancer sur les sentiers du Seigneur (« Il nous enseignera ses chemins et nous suivrons ses sentiers »).

Pouvons-nous, l’espace d’un instant, fermer les yeux et imaginer que nous sommes bien sur ces sentiers ?

Sentir la terre ferme sous nos pieds,
sentir le poids de nos pas sur ce sentier,
l’air qui frôle nos narines, circule dans notre corps et en ressort au gré de notre respiration.

Il peut s’agir d’un sentier en forêt, un peu sinueux ; ou un chemin dans la campagne…
Sur ce sentier, il est possible de découvrir quelque chose de nouveau à chaque instant.
C’est un bon chemin, j’ai confiance, c’est le chemin que donne le Seigneur.
Il est certes plein d’inconnu, je ne sais pas ce que je vais découvrir un peu plus loin. Mais la certitude que j’ai et que je peux sentir et vérifier avec mon corps même, c’est que je suis bien à marcher les deux pieds sur ce chemin.

Je crois que ce qui nous est dit aujourd’hui, c’est que l’important est d’être sur le chemin ; c’est se tenir prêt, là où l’on est, dans la situation où on se trouve, avec notre histoire, notre vie. Le point de départ importe peu; le point d’arrivée est déjà atteint : c’est être avec Jésus.

L’important en fait c’est le chemin. Le seigneur y est déjà, il nous y accompagne déjà. Il n’y a pas besoin d’atteindre un quelconque nirvâna ou un quelconque seuil de perfection pour accéder à lui. Il suffit juste de se tenir prêt à l’accueillir maintenant.

Mère Térésa de Calcutta expliquait que, face à la misère démultipliée qui se trouvait devant elle, elle n’avait pas trouvé d’autre moyen d’agir que de se pencher sur chaque personne, l’une après l’autre, celle qu’elle a devant elle, sans penser aux centaines qui suivent et qui ont probablement besoin de son aide avec autant d’urgence.

Les nombreux diacres récemment ordonnés ici présents (et surtout leur épouse) se rappelleront certainement les mots utilisés lors de l’ordination : « acceptez-vous toute la nouveauté que le diaconat mettra dans votre vie de famille ? »

C’est la dimension profondément mariale du diacre : que d’accepter cette nouveauté, que d’être cette terre prête à être fécondée, une terre rendue disponible pour porter du fruit, une terre d’accueil, ouverte à l’inattendu de Dieu ici et maintenant.

Nous ne savons pas ce que sera notre vie, ce qu’elle donnera comme fruit. Il est stérile de penser au nombre d’années que nous avons à vivre, de figer notre manière d’être, comme si nous n’allions plus évoluer au gré de nos années.

Quel que soit notre état de vie, soyons pleinement vivants !

Soyons pleinement présents à notre propre vie pour quelle s’ouvre à ce que Dieu mettra sur notre chemin et que nous ne connaissons pas encore.

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