Au cours de l’été, j’ai eu l’occasion de faire une retraite dans un Foyer de Charité et j’ai pu y lire une parole de Marthe Robin qui peut nous éclairer sur l’Evangile d’aujourd’hui :

« Porter sa croix et suivre Jésus, ce n’est pas mettre des boulets à ses pieds, mais des ailes à son cœur ».

« Porter sa croix c’est mettre des ailes à son cœur »…. J’aimerais méditer cette parole avec vous.

Il y a quelques années, une de nos voisines d’Issy-les-Moulineaux a écrit un livre-témoignage à propos de sa petite fille de deux ans, Thaïs.

Thaïs était atteinte d’une maladie génétique orpheline, amenant progressivement cette petite dans un handicap réduisant tous ses sens. Les médecins donnaient très peu de temps à vivre à Thaïs. Sa maman a ces très belles paroles :

« plutôt que de nous épuiser à chercher le ‘’pourquoi’’, nous avons cherché le ‘’comment’’ ; puisque je ne pouvais pas ajouter des jours à sa vie, j’ai choisi d’ajouter de la vie à ses jours ».

Et de fait Thaïs, dans son handicap et ses douleurs physiques de petit enfant, avec l’amour quotidien de ses parents a ILLUMINE LA VIE de ceux qui passaient à côté de son petit lit de souffrances.

Surprenant paradoxe…

Ni Thaïs, ni ses parents n’ont décidé de souffrir ou de ne pas souffrir. Et la souffrance qu’ils affrontaient n’avait pas de sens pour eux. Leur attitude n’a été possible que PAR AMOUR. Ils ont eu CONFIANCE dans le fait que l’amour pouvait transfigurer une vie, même si cette vie ne devait durer que quelques mois.

La confiance… Feriez-vous un chèque en blanc à un inconnu ? Non, bien sûr : vous attendrez de le rencontrer, de le connaître. Bref : D’AVOIR CONFIANCE.

Eh bien lorsque Jésus dans l’Evangile nous dit que « celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Evangile la sauvera», c’est la même chose : nous ne ferons crédit à cette parole, nous ne croirons qu’elle est vraie QU’EN FONCTION DE LA CONFIANCE QUE NOUS PORTERONS A CELUI QUI LA PRONONCE.

C’est pourquoi la question que pose Jésus aux disciples a ENORMEMENT d’importance :

« Pour vous, qui suis-je ? ».

Quelle personne de confiance Jésus est-il pour moi ? Puis-je croire ce qu’il me dit ?

Cette question est vraiment fondamentale : elle est celle que nous devons nous poser de manière récurrente et plus particulièrement aux moments clé de notre vie, qu’ils soient joyeux ou difficiles.

Elle est celle que nous devons tous nous poser chaque dimanche : POURQUOI, POUR QUI SOMMES-NOUS ICI DANS CETTE EGLISE ?

Voilà la Foi : est-ce que je crois en Jésus-Christ ? Qui est-Il pour moi ? Jusqu’où suis-je prêt à aller avec Lui ?

La foi en Jésus-Christ, la confiance que je place en lui, c’est la clé du mystère de la souffrance et de la vie. Et c’est pourquoi il est ESSENTIEL de NE PAS séparer les différentes parties de cette Parole de Jésus : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. » : porter sa croix ET suivre Jésus.

Séparer les deux, isoler la souffrance et la placer loin de ce chemin avec Jésus-Christ, c’est laisser vivre le plus odieux non-sens de la souffrance, c’est laisser la désespérance prendre place ; c’est entrer dans un désert sans apporter d’eau, c’est s’enfoncer dans les enfers de la vie, sans aucune perspective de réconfort.

L’épreuve, la souffrance, la croix dans notre vie, ce n’est pas Dieu qui en est à l’origine. Jésus ne nous dit pas : « souffrez, vous serez mes disciples » !

Jésus nous montre qu’il est justement venu pour combattre la souffrance et qu’il est prêt à aller jusqu’au bout pour nous réanimer. Jésus est la première victime de la souffrance.

« Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. » : c’est donc que Jésus précède celui qui le suit.

Un moine franciscain, le Père Cantalamessa, explique que le christianisme a une spécificité par rapport à toutes les autres religions et aux diverses philosophies de la vie : « chaque proposition de religion commence par dire aux hommes ce qu’ils doivent faire pour être sauvés ou atteindre « l’Illumination ». Le christianisme ne commence pas par dire aux hommes ce qu’ils doivent faire, mais ce que Dieu a fait pour eux dans le Christ Jésus ».

Oui, le FILS DE DIEU a ouvert lui-même le chemin : il est venu nous rejoindre, pour se faire tout proche. Il est descendu toujours plus bas pour être CERTAIN que personne, aucun homme ne puisse tomber plus bas que lui sans espoir de réconfort.

Rendons-nous compte de combien Jésus est descendu bas : n’est-il pas frappant que Béthanie, lieu du baptême du Christ, soit le lieu le plus bas du monde (-400m sous le niveau de la mer), comme pour rejoindre ceux qui sont plus bas que terre.

De même, lors de son procès, après la condamnation par le Grand Prêtre et en attendant la ratification de la sentence par le Sanhédrin, Jésus a été descendu avec une corde dans une citerne enterrée qui servait de prison (et qu’on peut voir à St Pierre en Gallicante) ; et quand on sait qu’une partie de la citerne servait à collecter les égouts de Jérusalem, on comprend combien Jésus peut se faire proche de ceux qui sont dans les plus bas fonds et les situations les plus désespérées.

Lorsque la mort nous menace et que nous cherchons refuge, lorsque la douleur nous submerge, lorsque l’angoisse nous envahit, lorsque le dégoût de nous-même nous assaille, lorsque nous touchons le fond, Jésus nous propose de lui faire confiance, de croire qu’il ne nous abandonne pas, qu’il ne nous laisse pas orphelins avec tout ça et qu’il combat avec nous.

Lorsque nous sommes fatigués de ce conjoint qui se plaint, lorsque nous désespérons de ne pas avoir d’enfant dans notre couple, lorsque nous nous décourageons d’être au chômage, lorsque nous nous attristons de cette Eglise et de ces pasteurs qui ne sont jamais comme il faudrait, Jésus nous dit que si nous nous agrippons à Lui, ces situations, ces croix, ces petites morts ne sont pas un néant, mais une porte ouverte vers la vie, que nous franchissons avec Lui, Lui le Ressuscité !

Tel est le rôle du Messie, ce rôle de bouclier tant attendu des Juifs.

Suivre Jésus, c’est laisser Jésus passer devant et ne pas être réduits à nos propres forces dans ce combat, c’est laisser Jésus ouvrir la route de nos actes de charité, c’est permettre au St Esprit d’avoir sa vraie place en nous pour inventer des trésors d’attention à l’autre, pour nous laisser toucher par celui qui est dans la souffrance, pour rendre notre prière aimante envers ce frère qui, là à côté de nous, a infiniment besoin d’être rejoint et aidé.

« Porter sa croix et suivre Jésus, ce n’est pas mettre des boulets à ses pieds, mais des ailes à son cœur ». Entendre cela devient acceptable et clair : la croix que nous portons, la croix que nous traçons sur nous pour introduire chaque temps de prière, cette croix, finalement, c’est notre vie dans toutes ses composantes, joyeuse ou souffrante.

Et cette croix est une promesse de bonheur simplement parce que Jésus, le Christ, source de l’Amour, chemin de la vie, notre Seigneur, notre Sauveur, celui que notre cœur aime, y est passé avant nous ; parce qu’en la croix de notre vie, nous sommes TOUT CONTRE LUI, parce que c’est marcher AVEC LUI dans la confiance vers les sommets de la vie et les profondeurs de l’amour.

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