Mercredi dernier, j’ai reçu un message, adressé aux scouts de la paroisse, qui évoquait les attentats subis par nos frères chrétiens d’Egypte pendant la messe des Rameaux. Le message incitait à combattre avec détermination le mal à l’œuvre dans le monde, en commençant à le faire « dans nos actes de tous les jours et dans nos pensées quotidiennes. Dans nos choix structurants de vie, comme dans les petits gestes, nous ne devons pas laisser la rancœur, la haine, l’égoïsme, la jalousie, le vice ou l’orgueil pénétrer nos cœurs. Et comme nous sommes faibles et que les tentations sont nombreuses, une seule solution : il faut s’en remettre {au Seigneur}. »

Oui, c’est vrai, notre monde est blessé par le mal. Notre monde est bien souvent dans l’obscurité. Et chacun sait que dans l’obscurité, on ne sait pas où l’on va, on ne trouve pas d’issue à nos impasses, on se cogne, on se blesse.

Pire : notre monde est parfois plongé dans les ténèbres, c’est-à-dire dans l’obscurité durable, dans l’obscurité du sens que peut avoir la vie, dans une obscurité telle qu’il ne subsiste plus d’espoir de vie. C’est la mort qui s’installe parfois chez nous.

Mais ce soir, c’est une veillée de joie, car « la ténèbre n’est point ténèbre devant toi, Seigneur », dit le psaume 139. N’est-ce pas ce que nous avons vu tout à l’heure : nous sommes entrés dans cette église obscure. Le cierge pascal allumé nous a précédé. Sa flamme a éclairé nos pas, peu à peu repoussé l’obscurité, pas à pas, et de plus en plus au fur et à mesure que cette flamme, tirée de cet unique cierge, s’est propagée de main en main jusqu’à ce que nous soyons tous illuminés.

Cette lumière est celle du Christ. Cette lumière est le signe de l’espérance chrétienne, notre espérance, fondée sur notre foi en la résurrection de Jésus, manifestation que l’amour est vulnérable, mais invincible.

Oui, on a tué le Christ, de la manière la plus atroce qui puisse être imaginée.
Oui, on l’a tué de la manière la plus injuste qui puisse exister : on l’a condamné alors qu’il relevait ceux qui étaient à terre, qu’il guérissait ceux qui souffraient, qu’il allait rejoindre ceux qui étaient loin, mis à l’écart, mal aimés, étiquetés, jugés.
On a tué celui-là même qui répondait à l’espérance d’amour infini que chaque être humain porte en lui.

Cet homme juste et bon que l’on a tué, il est ressuscité ! De même que la lumière est toujours plus forte que les ténèbres, le Christ est plus fort que la mort, et l’amour qu’il manifeste et incarne est plus fort que tout !

Chers amis, la mort et la résurrection de Jésus ce n’est pas un concept, ni une belle idée bien plaisante qui concerne un homme du passé, extérieur à nous : non, c’est aussi de notre propre mort et de notre propre résurrection dont il est question. Comme le disait le protestant Luther : « quand tu lis ‘’le Christ est ressuscité’’,  ajoute aussitôt ‘’je suis ressuscité et tu es ressuscité avec lui’’ car nous sommes rendus participants de sa résurrection ».

A notre tour, nous pouvons choisir de passer des ténèbres à la lumière, nous pouvons décider de faire reculer les ténèbres autour de nous, avec Jésus mais aussi avec les autres.

L’Evangile nous dit « allez en Galilée, c’est là que vous le verrez ». En réalité, nous sommes chaque jour en Galilée. Cette Galilée, qu’on appelait le carrefour des nations, lieu où vivaient ensemble juifs et non juifs, la Galilée aujourd’hui, c’est notre monde ! Pas seulement notre petite assemblée de catholiques, mais notre voisinage, notre bureau, notre famille, notre pays et tout ce qui s’y vit ! Si nous voulons retrouver celui qui ravive ce qui est mort, si nous voulons voir Jésus, c’est là qu’il faut aller !

C’est au contact de ces hommes et de ces femmes que nous croisons au gré de notre quotidien, c’est au contact de tous ceux qui, comme nous, ont soif de lumière dans leurs ténèbres, qui ont soif de cette joie d’espérer, qui ont soif d’être rejoints et d’avoir la certitude d’être vraiment aimés pour eux-mêmes, c’est au contact de nos enfants, de nos parents, parce que là aussi l’amour a besoin d’être présent.

La Galilée, ce sont tous ces lieux qu’affectionne Jésus, parce qu’ils ont le plus besoin de voir sa lumière. Ces lieux de solitude, de peur, de tristesse, de désespoir, de colère, de guerre. Ces lieux où règne la mort.

Je pense souvent à ce que le Christ fait le Samedi Saint et que nous rappelons quand nous proclamons notre foi : « il est descendu aux enfers ». Jésus descend aux enfers, ces plus grandes ténèbres, là où tout, absolument tout est coupé de l’amour. Et il y apporte sa douce lumière, comme ce cierge pascal dans l’obscurité. Il annonce, de la manière la plus éclatante possible, que rien ne pourra plus nous séparer de la seule source de la vie : son Père, l’Amour personnifié.

Oui, une nouvelle vie est possible, le jardin d’Eden peut être retrouvé, car le Christ, en qui s’unissent notre humanité et sa divinité, n’a pas été arrêté par la mort, il l’a traversée, il l’a franchie et il l’a vaincue. Il est vivant et nous avec lui.

Réjouissons-nous et faisons cadeau de cette joie au monde : Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité !

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