Vous auriez un remède contre l’aquoibonite ?
Vous ne connaissez pas cette maladie des temps modernes ? Pourtant, ce ne sont pas les personnes malades d’aquoibonite qui manquent autour de nous.
L’aquoibonite, c’est la maladie de l’ « à quoi bon » : À quoi bon ? À quoi bon se battre, à quoi bon lutter ? C’est trop dur, c’est un éternel recommencement, j’ai déjà tout essayé, je n’en peux plus, je suis fatigué, jamais je n’y arriverai, de toutes les manières c’est comme ça, il faut se faire une raison, accepter la fatalité, c’est trop tard.
À quoi bon… c’est déposer les armes, laisser la lassitude prendre place, éteindre l’espérance. C’est, en définitive, se laisser mourir à petit feu, laisser prise à la mort, refuser de vivre.
L’évangile nous donne aujourd’hui trois exemples où l’aquoibonite rôde : une femme, une fillette, et l’entourage de cette fillette.
D’abord cette femme : elle a des pertes de sang abondantes depuis 12 longues années. Elle souffre en fait d’une maladie qui rend ses règles extrêmement abondantes et longues à chaque cycle. J’imagine qu’elle a environ 25 ans. Elle est dans un âge plein de vitalité, mais sa vie est plombée par cette maladie qui voit cette quantité de sang s’écouler hors d’elle chaque mois. Cela « plombe » sa vie, non seulement à cause de la douleur de ces règles, mais aussi à cause de l’impact social dans lequel cette maladie l’enferme : il faut se rappeler que les Juifs considèrent cette période menstruelle comme une situation d’impureté. C’est une période de mort. Lorsque la femme a ses règles, elle est impure, tout ce qu’elle touche est impur, les sièges sièges sur lesquels elle s’assied sont souillés et cette impureté rejaillit sur tout son environnement pendant cette période.
Ainsi, cette pauvre femme est totalement mise à l’écart 90% du temps. Et on comprend mieux toutes les démarches médicales qu’elle a tenté de faire pour trouver remède à sa maladie. C’est pour elle une question de vie ou de mort. Sa démarche de vouloir toucher le manteau de Jésus est un ultime sursaut, son dernier espoir. Si cela ne « marchait » pas, elle se laisserait mourir en se vidant de son sang. À quoi bon poursuivre, noir c’est noir il n’y a plus d’espoir.
La fillette aussi est victime d’aquoibonite : elle est à mon avis anorexique. Elle se vide de sa vie en même temps que son poids. Elle se laisse mourir à petit feu. Elle a 12 ans, l’âge où elle devient femme. Peut-être connaît-elle la femme qu’a rencontré Jésus précédemment ? Peut-être a-t-elle vu ce qui arrivait à cette femme et peut-être refuse-t-elle pour elle-même sa condition de femme de cette époque… Une vie comme celle-là ? Non merci. J’aime mieux mourir.
L’entourage de la fillette, enfin, a lui aussi baissé les bras : c’est fini, c’est trop tard, la fillette est morte à quoi bon déranger le maître ?
Eh bien justement, Jésus est présent pour ces situations-là. C’est le remède 100% efficace contre cette aquoibonite qui nous mène à la mort : il guérit cette femme et lui permet enfin de vivre en lien avec les autres, il remet en vie cette fillette et lui permet à nouveau de manger, il apaise l’entourage de cette fillette et lui permet d’avancer vers une vie un plus sereine.
Il est le remède contre toute forme de mort. Il n’a pas peur de la mort. Regardez : au début de cet évangile, on nous dit que Jésus est « au bord de la mer » ; la mer c’est le signe de la mort. Jésus se tient à la lisière de la mort. Puis il entre dans la maison de la fille de Jaïre ; il entre dans ce qui aurait pu être un tombeau. Il n’a pas peur. Il entre. Comme le cierge pascal entre dans l’église ténébreuse la nuit de Pâques et repousse l’obscurité, il entre. Il n’a pas peur. La mort n’a pas de pouvoir sur lui. Il ne la craint pas. Il la traversera lui-même sur la croix et ressuscitera.
Avec lui, rien n’est jamais fini, rien n’est jamais perdu, rien n’est jamais trop tard. La vie est la plus forte. Jésus nous relève, il nous veut debout, il nous souhaite vivants. Nous sommes créés pour ça.
Si nous sommes au fond du trou ou dans une impasse, prêtons attention aux toutes petites résurrections que Dieu met sur notre chemin (il y en a toujours !) comme cette femme a juste essayé de toucher le bout du manteau de Jésus car elle n’avait pas la force de faire plus que ça ; et lorsque nous sommes guéris d’une aquoibonite, faisons comme la fille de Jaïre : mangeons et remettons-nous en route.
Gardons foi en cette vie que Dieu nous offre en cadeau.